Paris, 8 janvier 1880, jeudi matin, 11 h.
Cher bien-aimé, je suis contente que tu aies un peu mieux dormi que la nuit dernière mais je ne serai vraiment heureuse que lorsque tu auras reconquis ton bon sommeil régulier de Veulesa et de Villequier [1]. Jusque-là, je ne suis qu’à demi tranquille et à demi satisfaiteb. Je ne sais pas si je dois attribuer à ce vilain temps noir et froid le mal de tête que j’ai depuis hier mais je sais que j’en suis tout à fait idiote. Pour peu que te le veuillesc, et que tu en aies le loisir, je te prieraisd de me faire sortir tantôt pour essayer de le calmer un peu car vraiment je ne sais plus qu’en faire.
Il paraît que c’est Virginie qui a eu la fève hier. Elle avait emporté sa part de gâteau pour des enfants sans y regarder beaucoup et ce sont eux, qui, en le dévorant ce matin, l’ont trouvée. Donc pas de reproches à faire au pâtissier. Autre guitare, il va falloir avoir le pompier pour les tuyaux du cabinet d’entrée dont les tuyaux sont crevés. C’est une vraie calamité à laquelle il faut remédier tout de suite.
Quelle stupide lettre ! mais comme cela ne m’empêche pas de t’adorer, je m’en fiche.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 11
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « Veulles ».
b) « à demie tranquille et à demie satisfaite ».
c) « veuille ».
d) « prierai ».