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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 décembre 1849

30 décembre [1849], dimanche matin, 9 h. 

Bonjour, mon Toto aimé, aimé et archi aimé, bonjour. Ne te réveille pas car le temps n’est pas favorable au débraillé hors du lit. Quant à moi, je hasarde timidement mon nez et mes mains hors de mes couvertures et je sens que le froid pince un peu vertement. Je compte pourtant aller demain à Saint-Mandé, il y a plus de deux mois que je n’y suis allée et cela me pèse comme un remordsa [1]. D’ailleurs, c’est une visite que j’ai l’habitude de faire depuis quatre ans à pareille époque. Ainsi donc, demain je ne te verrai pas avant ton retour de l’Assemblée car je n’ose pas espérer être de retour assez tôt pour t’y conduire. Les jours courts, la voiture allant au pas, la difficulté de marcher et la visite que je dois à M. le curé, tout cela je le crains me mènera bien avant dans l’après-midi ! Cependant, je ferai tout mon possible pour être revenue de deux à trois heures, mais dans le cas où je te manquerais, mon doux adoré, tâche de m’en dédommager en venant le soir. Tu sais que tu es toute ma consolation, tout mon espoir et tout mon amour. Pense à moi, mon bien aimé, pendant ce doux et triste pèlerinage. Aime-moi pour tout ce qui me manque et que je pleure. Il dépend de toi que mes regrets soient moins douloureux et moins amers. Tâche de venir de bonne heure aujourd’hui pour que j’aie le temps de te voir et d’emplir mes yeux de ta douce image, mes oreilles de tes bonnes paroles, mes lèvres de tes baisers, mon cœur de toute ta personne adorée. Je vais me hâter de finir toutes mes affaires pour être tout entière à toi et avec toi. De ton côté, mon amour, arrange-toi pour finir bien vite avec tout ce qui t’entoure.

Juliette

MVHP, Ms a8315
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

a) « remord ».

Notes

[1Juliette veut se rendre sur la tombe de sa fille Claire Pradier, morte en 1846, et enterrée à Saint-Mandé. Le curé de Saint-Mandé s’est toujours bien occupé d’elle.

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