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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 septembre [1849], dimanche matin, 7 h. ½

Bonjour, mon bon petit homme, bonjour de tout mon cœur et de toute mon âme, bonjour, comment vas-tu ? Tu dors pendant que je pense à toi, que je t’aime et que je te désire. Dors, mon cher adoré, c’est ce que tu as de mieux à faire car le temps est bien vilain et je suis plus hideuse et plus maussade que lui. Il est vrai que j’ai passé une nuit atroce sans pouvoir trouver une heure de sommeil et de tranquillité. Cela tient peut-être à ce que j’ai le sang allumé ? Dans tous les cas, il est impossible d’être plus rouge, plus grognon, plus triste et plus impatiente que je le suis depuis hier au soir. Tout cela n’est pas très beau à voir ni à raconter et je ferais bien de me cacher et de me taire, mais j’espère trouver quelque soulagement en me plaignant. Voilà pourquoi je t’écris dès le matin cette espèce de bulletin de ma santé physique et morale pour que tu y appliquesa quelque calmant et quelque adoucissant de ta pharmacie. En attendant, il pleut à verseb et je crains bien que ce soit pour toute la journée, ce qui ne m’empêchera pas d’être prête à 11 h ½ AU CONTRAIRE. Je suis laide, je souffre, je suis bête, mais je t’aime, mon cher petit bien-aimé, mieux que si j’étais belle, bien portante et spirituelle. Si cela te paraît une compensation suffisante, tope-là. Je suis ta Juju plus que jamais.

MVHP, Ms a8284
Transcription de Joëlle Roubine et Michèle Bertaux

a) « applique »
b) « averse »

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