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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 décembre [1845], mardi matin, 9 h. ¼

Bonjour, mon petit bien-aimé, bonjour, je t’aime. Je t’envoie mon âme, mon cœur, mon amour dans ma pensée. Comment vas-tu ce matin ? Je voudrais savoir que tu dors encore pour avoir la douce joie d’être sûre que tu te reposesa. Je t’aime, mon Toto adoré, je voudrais donner ma vie pour toi. C’est l’ambition et le rêve de mes pensées. Je viens de relire l’incroyable lettre de Rambuteau et je trouve plus que jamais qu’il est indispensable que tu donnes une leçon de convenance à ce hideux cuistre. Quant à l’intérêt de ma fille, il n’en est pas question quand il s’agit de respect qu’on te doit. D’ailleurs cela n’y fera absolument rien du tout. Je suis plus persuadée que jamais qu’on ne peut rien pour ce premier examen [1]. Que ma fille sache et ne se trouble pas, si c’est possible, et elle passera malgré les ânes plus ou moins bâtés de l’endroit. Quant aux leçons de MM. Varin et Dumouchel, elles lui ont fait le plus grand bien et rien ne peut lui être plus utile. Malheureusement ils ont eux-mêmes des occupations qui les empêchent de continuer à ma fille leurs leçons et leurs conseils.
Mon Victor chéri, je ne te parle que de moi, toujours de moi, comme si c’était le principal intérêt de ma vie, tandis que je t’aime de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16361, f. 233-234
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « tu te repose ».


9 décembre [1845], mardi soir, 4 h. ¼

Est-ce que vous ne craignez pas d’user le Chaumontel jusqu’à la corde en vous en servant aussi souvent ? Pour moi, je serais plus prudente que vous et je le ménagerais comme mes yeux, il est vrai que vous ne ménagez pas du tout les vôtres, si j’avais le bonheur d’en avoir un.
Cher adoré bien-aimé, je suis presque confuse de l’ennui et de la peine que te cause l’affaire de ma fille. Pour un peu, j’écrirais à ce stupide Rambuteau pour lui dire qu’il n’est qu’un âne avec un grand nez et que nous nous fichons pas mal de ses FAVEURS, merci. Je suis furieuse contre cet animal-là, non pour le petit tort que cela fait à ma pauvre péronnelle, mais pour l’ennui que cela te cause. Je te supplie, pour moi, de lui envoyer au plus TÔT ta réponse. Je ne serai contente que lorsque ce cuistre aura reçu ce camouflet sur son monstrueux nez. En attendant, je bisque, je rage, je mange du fromage... de Brie et je t’attends avec toute l’impatience dont je suis capable. Baise-moi, mon Victor adoré, et tâche de ne pas me prendre en grippe et en horreur à cause de mon stupide guignon. Je t’aime, entends-tu.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16361, f. 235-236
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Claire Pradier prépare l’examen pour devenir institutrice, où elle a déjà échoué deux fois.

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