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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 juillet [1844], mercredi matin, 11 h. ¼

Bonjour, mon Toto adoré, bonjour, mon bien cher bien-aimé. Comment que ça va ce matin ? Moi, je vais bien, je vous aime et puis vous avez semé hier une petite promesse de bonheur qui a fameusement pris pied dans mon pauvre cœur, je vous en réponds. Je nous vois déjà à Villeneuve-Saint-Georges. Mon cher amour, il faudra partir de très grand matin et revenir très tard afin que la journée soit bien entière ; c’est bien le moins puisque je n’aurai peut-être que celle-là quia soit complète.
J’en ai rêvé cette nuit, mon cher petit, je croyais y être. Nous étions bien heureux. Tâche que la réalisation de mon rêve et de ta promesse ne se fasse pas trop attendre. En fait de bonheur, j’aime mieux tenir que de courir. Jour Toto, jour mon cher petit o, je vous aime et je vous adore, je ne peux rien y ajouter ni en ôter, arrangez-vous de cela comme vous pourrez. Je craignais que le temps ne se soit gâté pour longtemps mais je vois avec plaisir qu’il n’en est rien. J’en suis très contente pour toi, mon cher petit loup errant, et puis, un peu pour moi parce que j’espère des promenades plus ou moins problématiques. Baisez-moi, mon Toto chéri, et tâchez de venir bien vite chercher de l’amour et des baisers à indiscrétion.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 293-294
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « qu’elle ».


24 juillet [1844], mercredi soir, 5 h. ¾

Je t’aime, mon Victor, je t’aime. L’histoire que nous a racontée Mme Guérard m’a laissée toute triste. Je me représente cette pauvre créature luttant contre une accusation qui n’était sans doute qu’un indigne prétexte, et se justifiant par la plus effroyable mort [1]. J’ai horreur des gens qui trouvent le mot pour rire devant de si horribles [catastrophes ?]. Quant à moi, mon cher adoré, je ne peux pas t’être infidèle mais je suis sûre de me tuer le jour où tu ne m’aimeras plus. Je ne te dis pas cela pour t’effrayer, mon Dieu, je te le dis parce que ton amour, c’est ma vie, mon Victor bien aimé. Je t’aime. Je ne trouve rien après ces deux mots sacramentels – je t’aime. Ils sont le fond de mes pensées, de mes actions et de ma vie. Aussi, je ne comprends pas pourquoi je gribouille quatre pages de papier pour t’écrire ces deux mots, qui rempliraient le ciel et la terre s’il leur était donné d’exprimer matériellement la grandeur de mon amour, mais qui tiennent si peu de place sur le papier. Je me reproche de fatiguer tes beaux yeux à lire ces hideux fouillis tandis que d’un seul regard tu peux voir toute mon âme comme si elle habitait en toi. Il faudra désormais que je me borne aux deux mots importants. Ce sera bien mieux pour tous les deux : je te paraîtrai moins bête et tu ménageras tes yeux adorés.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 295-296
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

Notes

[1À élucider.

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