Paris, 20 décembre [18]77, jeudi matin, 10 h.
Vivat ! Petite Jeanne est dans nos murs ! Petite Jeanne for ever ! Petite Jeanne adesso et sempre ! Petite Jeanne pour toujours ! Heureux papapa ! heureuse Mme Roumet ! heureux tout le monde !!! Tu vas donc enfin revoir cette chère petite fille : quel bonheur !!! Quant à moi, je n’irai la voir que si Mme Lockroy m’y autorise ainsi que Mme Ménard. Pour aujourd’hui je suis encore trop souffrante et même je crois que je ne pourrai pas supporter la fatigue du dîner, ce qui permettra à Mme Lockroy d’en faire les honneurs et diminuera d’autant l’encombrement de la table ; car, ne comptant pas sur son retour immédiat d’après ce qu’elle nous avait dit, j’avais invité douze personnes en dehors de nous deux. Maintenant nous serions seize à table, ce qui sera matériellement impossible ; c’est déjà, je le crains, impossible à 15, telle est la difficulté. Je ne peux pas la résoudre autrement qu’en m’abstenant. Il faudra dorénavant établir en principe que les deux places de M. et Mme Lockroy seront toujours réservées, même quand il serait prouvé qu’ils ne doivent pas les occuper. Je ne demande pas mieux, au contraire, ne fût-ce que pour éviter les embarras de charrettes comme aujourd’hui.
Je t’adore et je te bénis. Sois heureux.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 344
Transcription de Guy Rosa