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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 février [1837], samedi soir, 5 h.

Je t’en fiche que vous viendrez me chercher pour sortir, vous êtes pas si bête que de me faire profiter du beau temps. Cependant j’aurais beaucoup aimé à faire 8 lieues à pied aujourd’hui avec vous.
Jour, vieux Toto, je suis très geaie parce que j’ai été à peu près bien ....... cela peut se faire mais ... cela doit se taire paix. Je vous disais donc que j’étais très geaie, pour un tout petit bout de bonheur, pas plus grand que rien du tout, que vous m’avez donné ce matin. Que serait-ce si vous m’emmeniez un grand mois sur les bords de la mer, je suis capable de revenir aussi grosse que Mlle George [1] mais vous n’êtes pas un homme sur lequel on puisse compter pour faire de ces surprises là, vous êtes trop vieux, trop laid et trop bête. Mais je m’amuse à vous écrire des billevesées au lieu de me faire belle et de me parer pour une VISITE MYSTÉRIEUSE que j’attends dans le silence de la nuit. En vérité on n’est pas plus absurde que moi et surtout plus amoureuse que je ne le suis de vous.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 207-208
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette


25 février [1837], samedi, 5 h. ¼ du s[oir]

Je commence à m’impatienter contre Mme Lanvin, je n’aime pas que la pension de cette enfant traîne en longueur. Quel ennui quand on est obligé de se servir d’autrui pour faire ses affaires. Quelque paiement qu’on mette à leur service, on est toujours mal ou point servi du tout.
J’aurais bien désiré voir MARIE TUDOR [2]. Cependant je [sais  ? sens  ?] bien que tu ne peux pas m’y conduire, pauvre enfant, aussi je me résigne tant bien que mal et je profite de cette petite mortification pour t’aimer davantage encore. Depuis que tu es parti je n’ai pas encore eu le temps de faire ma toilette. Mais je suis si bien accoutumée de te donner mon cœur et ma pensée avant de penser à rien pour moi, qu’il semble qu’il me manque quelque chose quand je ne l’ai pas fait.
Je t’aime, mon Victor bien aimé. Je t’adore mon grand et sublime enfant. Je t’aime de toutes les affections à la fois et je voudrais te donner ma vie, comme je te donne mon âme. Jour. Jour. Viens que je baise vos GROSSES BAUTTES.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 209-210
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Mademoiselle George, Marguerite-Joséphine Weimer était la fille de Jean-Martin (dit George) Weimer, né à Mannheim. Elle a créé en 1833 les rôles de Lucrèce Borgia et de Marie Tudor. Elle avait été sous l’Empire la maîtresse de Napoléon, puis, à l’époque romantique, de Harel, directeur du Théâtre de l’Odéon, puis du Théâtre de la Porte-Saint-Martin. D’une beauté sculpturale, elle avait fini par prendre un embonpoint dont on se moquait volontiers, comme le fait ici Juliette.

[2Marie Tudor a été créé en 1833 à la Porte-Saint-Martin.

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