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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 février [1837], samedi soir, 6 h. ¼

Mon cher petit homme adoré, où trouver les mots qui expriment ce que je sens pour vous d’ineffable et de reconnaissant. Je vous trouve beau comme le bien aimé que vous m’êtes, je vous trouve beau comme le bon Dieu, je vous trouve grand et noble comme VOUS car il n’y a pas de comparaison à faire avec rien ni avec personne.
Je vous aime autant que j’ai de force, je vous aime de toute ma foi et de tout mon cœur, je vous aime par dessus toute chose au monde.
Je vous demande bien pardon mon cher petit bien-aimé d’être aussi souvent maussade et malade, c’est un tribut que je paye plus généreusement qu’une autre, à la vieillesse et aux infirmités qui en sont les fleurs et les fruits.
Vous ne connaissez pas et vous ne connaîtrez jamais ces maux-là, vous, mon grand Toto, parce que vous n’êtes pas fait avec le vieux sang rance et moisi qui sert à faire les hommes et les femmes depuis notre père Adam et notre mère Ève, le bon Dieu vous a fait dans un moule particulier, et avec ce qu’il avait de plus pur et de plus ravissant en lui. Aussi vous vivrez éternellement beau, éternellement jeune, éternellement grand, je vous dis que vous êtes mon Toto.
J’ai enfin écrit à [ V…  ? N…  ?] tu verras la lettre, mon chéri, et tu la mettras à la poste. Au train dont je vais, j’ai bien peur de passer encore une affreuse nuit. J’ai mal à la tête et au cœur avec accompagnement de courbature, cependant il est de toute impossibilité d’user du grand remède par le temps qu’il fait. Il est physiquementa impossible de mettre le pied dans la rue. Je commence à espérer que nous bénéficierons des 50 F. du docteur [Vidal de Poitiers  ?]. J’avoue que je me résigneraisb très volontiers à ce malheur. Et vous mon Toto ?
J’espère mon Toto que vous ne prendrez pas trop à la lettre l’impossibilité de sortir susmentionnée et que vous viendrez malgré la tempête et les éclairs, s’il y en a. C’est dans cet espoir que je supporte la vie embêtante et monotone de ma chambre à coucher, qui n’a aucun charme pour celle qui se dit votre fidèle et bien aimante

Juju

BnF, Mss, NAF 16329, f. 149-150
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette
[Massin]

a) « phisiquement ».
b) « résignerai ».

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