Samedi matin, 10 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, tu n’es pas venu ce matin, mais je ne t’en veux pas, car je pense que tu es peut-être à l’heure qu’il est chez le ministre ou prêt à y aller. C’est une bonne action à laquelle je m’associe pour ma part en faisant sans me plaindre le sacrifice des quelques heures de bonheur que tu m’aurais peut-être donnéesa sans cela. J’ai la presque certitude que tu reviendras triomphant de cette démarche et je m’en réjouis d’avance pour ce bon M. L. B. [1] qui t’aime d’une si vive et si sincère amitié.
Moi, pendant ce temps et en vous attendant, je vais penser à vous, je vais vous aimer et puis pour que tout soit bien complètement occupé, je vais travailler à finir ma robe dont j’ai le plus grand besoin. Quand vous viendrez, il sera temps de vous donner tous les baisers que j’ai en réserve pour vous sur les lèvres et toutes les tendresses que je tiens en dépôt pour vous dans le fond de mon cœur.
A bientôt, le plus inexact des amours mais le plus dévoué des amis.
Juliette
[Adresse :] :
À mon bien-aimé
BnF, Mss, NAF 16324, f. 184-185
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « donné ».