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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 31 mars 1859, jeudi, 9 h. du m[atin]

Bonjour, mon cher adoré, du bout de mes doigts engourdis mais du fond de mon cœur qui t’aime à perte d’âme. Comment vas-tu ce matin, mon pauvre endolori ? As-tu mieux dormi cette nuit que l’autre ? Et ta tête te fait-elle moins mal ce matin ? Quant à moi, voici plusieurs nuits que je ne dors pas ; mais, quand je pense à ce que je pourrais souffrir si ma podagrerie [1] y mettait un peu de bonne volonté, je ne me plains plus et je suis prête à me trouver très heureuse d’en être quitte à si bon marché. Quel joli sujet de RESTITUS je prends tous les jours pour arriver à te dire en geignant que je t’aime d’une manière incomparable et triomphante ! Aussi, quand je m’aperçois de toutes ces formules ridicules grimaçant autour de mes tendresses, je suis si honteuse que je suis tentée de planter là ma restitus sans même lui tirer ma révérence. Ce n’est cependant pas de sa faute, à la pauvre restitus, car elle ne demanderait pas mieux que d’être très tendre, très aimable et très spirituelle ; il faut lui rendre cette justice. Mais ma stupidité s’y oppose complètement et moi je ne suis pas de force à m’y opposer. Je ne peux que t’aimer à travers elle et malgré elle, ce que je fais de toute mon âme.

BnF, Mss, NAF 16380, f. 84
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Juliette Drouet souffre de la goutte.

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