Samedi matin 10 h ½
Bonjour, mon Toto, je t’aime. Je pense toujours à toi, rien qu’à toi. Je voudrais bien te voir pour te baiser partout et pour savoir comment tu te trouves ce matin, parce qu’hier en me quittant, tu te sentais mal à ton aise.
Moi, mon pauvre Toto, j’ai passé une rude nuit, et même au moment où je t’écris, je souffre encore beaucoup, mais je sais d’où cela me vient et je ne m’en inquiète pasa.
Je viens de faire une petite station d’un quart d’heure hors de mon lit. Aussi, je grelotteb à plaisir. Monseigneur Angelo [1] devrait bien m’envoyer plusieurs voies de bois afin que je continue d’être la plus chaude de ses partisanesc. Eh ! vous, mon cher petit Toto, vous devriez m’aimer de toutes vos forces pour tout l’amour que j’ai pour vous. Ça fait que vous me payeriez les intérêts de la grosse somme d’amour que je vous avance tous les jours.
Je t’aime mon Victor, je ne sais dire que cela. Si tu veux autre chose, viensd le chercher puisque l’amour, les baisers, les caresses ne peuvent pas se mettre sur le papier.
Juliette
[Adresse :] :
À mon Victor bien aimé
BnF, Mss, NAF 16324, f. 63-64
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) Juliette a tiré un trait jusqu’à la fin de la ligne.
b) « grellote ».
c) « partisanne ».
d) « vient ».