Samedi soir, 8 h. ½
[illis.]a
Au moment [où] je pliais cette feuille de papier, Lanvin est arrivé avec une lettre de M. P… [1] que je n’ai pas lue et un rouleau de 100 francs. Je te conteraib le reste ce soir en nous en allant.
J’ai besoin de te dire avec la voix de l’âme que je t’aime, que tu es ma joie et mon orgueil, que je voudrais baiser tes pieds et te servir à genoux toute ma vie sans autre bonheur que celui de t’aimer et de te contempler comme je le fais à présent. J’ai tant de choses à te dire, elles se pressent si fort aux portes du cœur et de l’esprit que pas une seule ne sort. C’est toujours comme cela quand il y a foule. J’en suis réduite à cette seule expression, la seule qui sorte libre de mon âme et de ma pensée : c’est que je t’aime, c’est que tu m’éblouis, c’est que tu me brûles, c’est que tu m’enivres.
Mon Victor bien-aimé, aiec pitié de moi et prends en amour ma folie.
Juliette
Je t’attends, tu sais. Il faut que j’aille au théâtre, c’est plus fort que moi. Voilà déjà trois fois ce soir que je mets mesd gants pour y aller.
BnF, Mss, NAF 16323, f. 297-298
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) Note rajoutée sur le manuscrit d’une main différente de celle de Juliette
b) « compterai ».
c) « aies ».
d) « me ».
FIN du NAF 16323.