Dimanche, midi ½
Bonjour, mon cher petit Toto. Tu n’es pas venu ce matin et cela m’a bien manqué. Je m’étais déjà habituée à ce bonheur tellement que je me suis réveillée juste à l’heure où tu venais depuis quelques jours. Mon réveil n’a pas été tout à fait perdu puisquea je l’ai employéb à t’aimer de toutes les forces de mon âme. Je ne sais à quoi attribuer le mal de tête que j’ai depuis hier au soir mais c’est à peine si je peux t’écrire tant il est violent. Je suis toute attristée de la journée d’hier. Je voudrais te voir pour être bien sûre que tout s’estc arrangé à l’amiable. Tu paraissais si inquiet et si fort contrarié hier soir que cela m’a préoccupéed plus que de raison. Mon cher bien-aimé, mon généreux homme, il n’y a que toi pour avoir ce dévouement sans bruit et sans faste. C’est à genoux que je te reconnaise au-dessus de tous les autres hommes.
Mon bien-aimé, je voudrais te voir. J’ai à te dire que je t’aime, que je t’adore, que toute ma vie sera pour te prouver mon amour et ma reconnaissancef. Je crains que tous les événements d’hier ne te retiennent longtemps, en supposant que tu ne travailles pas, ce qui n’est guère probable. Mais en t’attendant, je vais bien t’aimer et ne penser qu’à toi. Et quand tu viendras, je te donnerai tout l’amour que j’aurai amassé pendant tout ce temps-là.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16323, f. 175-176
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « puisse que ».
b) « emploié ».
c) « c’est ».
d) « préocupé ».
e) « recconnais ».
f) « recconnaissance ».