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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 décembre [1839], mardi après-midi, 1 h. ½ a

Bonjour, mon Toto chéri, bonjour, mon bon petit homme. Pense à moi et aime-moi. Le temps est bien sombre et je ne crois pas que tu viennes me chercher sous aucun prétexte, aussi je me hâte lentement. J’ai encore passé une mauvaise nuit ; à 5 h. je n’avais pas encore pu fermer l’œil et la conséquence de cela c’est que je me lève tard et que je suis toute souffrante. J’ai envoyé la bonne ce matin chercher les pommes chez Mme Pierceau. Elle me prie d’y aller aujourd’hui, comme si cela dépendait de moi, parce que demain elle va en réveillon chez Mme Triger. Moi, je n’irai en réveillon nulle part et je ne sortirai probablement pas de toute la semaine au train dont tu y vas. À propos, il paraît que le propriétaire était dans la maison ce matin mais voilà tout ce que je sais. Du reste, aucune nouvelle du bail. Qu’est-ce que tu en pensesb ? J’ai aussi prévenu la bonne que ce qu’il y avait dans le petit pot était de LA POISON et qu’elle fît attention à n’en pas perdre et à n’y pas goûter, nous verrons si la terreur triomphera de la gueulardise. J’espère que tu auras pensé à mettre la lettre de Mme Krafft à la poste ? Maintenant c’est à elle à nous donner de ses nouvelles, mais à ce propos je voudrais bien en avoir de mes christophes [1]. Je suis furieuse contre cet imbécilec, si je le tenais, je m’empresserai de le lâcher, fût-ce du haut des tours de Notre-Dame pour voir si sa peau est aussi fragile que mes christophes. Je vous aime Toto et tout ce gribouillis n’est qu’un prétexte pour vous le dire jusqu’à satiété. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16340, f. 195-196
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « pense ».
b) « imbécille ».


24 décembre [1839], mardi soir, 5 h.

Oui vous êtes bien i, oui vous êtes mon vieux jaloux, oui vous êtes mon amoureux, oui je vous aime, oui je vous adore, oui vous êtes beau, oui, oui, oui, oui. J’ai bien peur que mes armoires ne soient pas des merveilles. La tienne sera commode mais la mienne PETITE. Ça n’est pas fameux. Enfin la voilà, mais j’en aimerais mieux une plus belle. Ça viendra la queue de notre chat est bien venue. Maintenant que me voilà accrochée à un clou chez la mère Pierceau, je voudrais bien que vous ne m’y laissiez pas trop longtemps. Et puis je voudrais aussi que vous m’aimiez et que vous me désiriez de toutes vos forces et de toute votre âme. De mon côté, je vous promets que je ne serai pas en reste avec vous. M. Demousseau n’est pas venu. Jamais on n’avait tant sonné à la fois chez la mère Pierceau, c’est vous qui êtes cause de tout ça, vieux sorcier. Maintenant que vous n’êtes pas là on entendrait trotter une souris. Il est vrai que nous sommes placées pour cela (AUX COMBLES) mais pas toujours plus ou moins grinchue en votre absence. Cependant je vais tâcher de rire tout à l’heure en lisant les diversesa bêtises qui foisonnent dans vos deux Corsaires.
J’ai prié Madame Pierceau de surveiller le départ de nos armoires. Je l’ai priée aussi de demander de temps en temps à l’homme les ferrures de nos armoires mais je doute fort qu’il nous les donne jamais. Baisez-moi, je vous aime. Oh oui je t’aime, mon bon petit homme et je te suis fidèle de corps, de pensée, de cœur et d’âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16340, f. 197-198
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « divers ».

Notes

[1À élucider

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