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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 23 octobre 1860, mardi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé ; bonjour, amour, sourire, joie, bonheur, soleil, bonjour. J’espère que tu as dormi comme un petit sabot et que tu te portes comme un charme à bras et à cœur tendus vers moi. De mon côté, mon petit homme, je vous aime comme un chien et je me porte comme un ours. Si vous n’êtes pas content de cette rhétorique faites-en d’autres et fichez moi la paix et un bon baiser et nous serons quittes. En attendant, j’ai perdu sept sous, moins un DOUBLE hier et pourtant j’ai à peine clignotéa de l’œil vers la fin de la soirée ; si j’avais pioncé à fond il est probable que le proverbe en question : la fortune vient en dormant, me serait venub en aide et que j’aurais [illis.] tous vos [illis.]. Une autre fois j’en ferai la sérieuse expérience. Jusque-là je prends stoïquement mon parti de ma déconfiture en songeant que nous aurons peut-être l’occasion de faire encore tantôt une charmante petite promenade comme hier, sans compter que je suis ravie de m’être débarrassée des deux visites en question. Maintenant je suis à JOUR ENVERS TOUTES les politesses et tous les petits devoirs oiseux et ennuyeuxc des relations commençantes et je compte bien m’en tenir là à moins que nous ne donnions suite au projet des soirées Engelson [1] si tu le juges utile et agréable pour toi et pour moi. Je ferai, comme toujours, tout ce que tu voudras car mon bonheur C’EST DE T’OBÉIR.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 278
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « clignotter ».
b) « venue ».
c) « ennuieux ».

Notes

[1Mme Engelson est une veuve russe à laquelle Hugo rend souvent visite. C’est une connaissance qui remonte au temps de Jersey et celui du mysticisme des tables tournantes notamment. Depuis elle s’est installée au bas de la rue de Hauteville, ce qui rend Juliette méfiante. Le 25 octobre 1860 Hugo notera dans son quatrième agenda de Guernesey, « Mme E. singulière visite de 11 h. à minuit chez JJ. ». (J.-M. Hovasse, Victor Hugo, Pendant l’exil I, ouvrage cité, p. 1263.)

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