Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1880 > Janvier > 28

Paris, 28 janvier 1880, mardi soir 2 h ½

J’espère, mon cher bien-aimé, que c’est pour la dernière fois aujourd’hui que tu dors dans la journée. Demain, nous réintégrerons des habitudes plus normales et plus hygiéniques pour ta santé, en reprenant nos promenades chaque fois qu’il n’y aura pas de Sénat. En attendant, profite encore aujourd’hui du repos prolongé dont tu t’indulges au grand ennui de tes excellents docteurs [1]. Moi, pendant ce temps-là, je tâche à faire aller ma pendule qui s’obstine à ne pas vouloir marcher [2]. Et puis, je te fais souvenir que tu continues à ne me donner aucun argent, ce qui n’empêche pas la dépense quotidienne d’aller son train. Ce matin encore, j’ai payé de la bougie 18 F. 90,
et de l’eau de Walls…a 18 F. 75.
en dehors de la dépense de la cuisine,
avant-hier montant à 67 F. 65,
et celle d’hier à …a 65 F. 10,
total à rembourser ...a 169 F. 80,
ainsi que tu pourras le vérifier sur le livre même de Rosalie. Quant à l’emploi des cinq cents francs, je t’en ai donné le détail que tu pourras vérifier également. Ça n’est pas très amusant pour toi, ni pour moi, que ces quémanderies d’argent, et je ne m’y résigne que par obéissance à ta volonté.
Autre embêtement : Charamaule qui craint le froid, encore plus qu’il ne désire savoir de tes nouvelles, me prie de lui écrire où en est ta santé. J’avoue que cette corvée me coûte extrêmement, et je n’ai pas encore pu m’y décider. Quant à nos princes de Lusignan [3], ils envoient ou ils viennent tous les jours savoir comment tu vas. Il est vrai que leur sollicitude est quelque peu intéressée mais il ne faut pas y regarder de trop près et puis, je t’aime, je t’aime, et je t’aime.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16401, f. 28
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin

a) les points de suspension courent jusqu’au bout de la ligne.

Notes

[1Émile Allix et Paul Broca sont les deux médecins au chevet de Hugo depuis les quelques jours que dure sa maladie qui inquiète Juliette. Voir notamment sa lettre du 23 janvier 1880.

[2Juliette semble souvent rencontrer des soucis avec la pendule qui lui indique l’heure, soit que celle-ci diffère de sa montre (voir lettre du 18 septembre1872), soit qu’Hugo en trafique les aiguilles afin de pouvoir s’éclipser plus tôt (voir lettre du 5 mai 1872).

[3Propriétaires du logement de Victor Hugo, voir Nar-Bey

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne