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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Parution : Gertrude Tennant, Mes Souvenirs sur Hugo et Flaubert

Parution : Gertrude Tennant, Mes Souvenirs sur Hugo et Flaubert, Éditions De Fallois, 2020.

Parmi les femmes dont Juliette Drouet redoutait la concurrence, figure « la belle, la spirituelle, l’élégante, la séduisante, la délirante Tennant ». Cette Anglaise de 42 ans était venue à Guernesey passer quelques mois en famille, pendant l’été et l’automne 1862. Juliette la compte au nombre des « succès féminins » du poète, dont elle tolère les « flirtations » avec cette « doublement perfide Albionne ». L’admiration de l’Anglaise pour le génie français, qui remontait à son adolescence romantique sous le ciel de Paris, s’était renforcée de la fraîche lecture des Misérables récemment parus, qui l’avait bouleversée. On ne peut en dire autant de sa réaction à la découverte de Madame Bovary cinq ans plus tôt : ayant reçu un exemplaire dédicacé, elle avait signifié à son auteur tout le mal qu’elle en pensait, ajoutant sa désapprobation personnelle aux accusations portées par la justice contre la prétendue immoralité de l’œuvre. Flaubert ne lui en avait pas tenu rigueur : cet échange, quoique vif, lui permettait de renouer, non sans nostalgie, avec un flirt de jeunesse.
Gertrude Tennant (1819-1918) raconte Flaubert et Hugo comme elle les a vus : le premier jeune, sauvage, beau, méprisant les convenances, adorant sa mère et sa sœur, passionné par la littérature, l’art et la beauté ; le second adulé par son entourage, attentif à son image, poli et froid à Paris, puis transfiguré par l’exil, séduisant, imprévisible, bienveillant avec les enfants, s’enflammant dans les discussions littéraires et politiques.
De sa proximité avec ces deux génies témoignent ses lettres et les souvenirs écrits sur ses vieux jours, alors qu’elle reçoit chaque semaine le Tout-Londres dans son salon. Conservés dans une malle et un grenier, ils sont ici édités ensemble pour la première fois.
On s’amuse du regard porté par la pieuse et royaliste Anglaise sur la famille Flaubert incroyante et sur les proscrits républicains. Le lecteur, émerveillé de déambuler avec elle dans le Paris romantique peuplé d’originaux, invité dans les cercles de Flaubert et Hugo dont elle brosse une brillante galerie de portraits, ne peut manquer de sympathiser avec cette aventureuse, spirituelle, irrésistible et généreuse Anglaise amoureuse de l’île et du continent.
Un trésor inestimable pour l’histoire littéraire. Une machine à remonter le temps.
Les souvenirs de Gertrude Tennant sur Hugo fournissent aussi un récit de la vie de Juliette Drouet, dont elle brosse ce portrait :
« Mme Drouet était une personne très sensée, d’un calme et d’une patience remarquables. Elle parlait et se comportait avec solennité – elle tenait cela de Victor Hugo –, et s’exprimait lentement comme si elle attachait de l’importance à ce qu’elle disait. Victor Hugo faisait assurément grand cas de son jugement littéraire. Quelque chose en elle m’évoquait Mme de Maintenon : sa robe noire et ses cheveux blancs, sa manière de se tenir droite. En vérité, quelles qu’aient été ses erreurs passées, et malgré sa position équivoque, personne n’aurait jamais osé lui manquer de respect. »

Textes présentés et édités par Yvan Leclerc (professeur émérite à l’Université de Rouen) et Florence Naugrette (professeur à Sorbonne Université et membre de l’Institut Universitaire de France).
Postface de Jean-Marc Hovasse (professeur à Sorbonne Université).

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