Vendredi, 5 h. du matin
C’est maintenant que je sens combien j’ai été injuste et cruelle pour nous deux ce soir –
Je ne sais que penser de moi – Je t’aime plus que tout au monde – J’ai foi en toi – je respecte ta position et j’en comprends tous les devoirs – Que me manque-t-il donc pour notre bonheur ?
Si tu savais combien je déteste mes torts de ce soir – combien je regrette cette soirée si follement gaspillée – combien je voudrais expier par des caresses et de l’amour le mal que je t’ai fait – Je suis trop punie par le seul souvenir de ma méchanceté –
Pardonne-moi, mon Victor. Songe que j’aurai souffert jusqu’à l’heure où je te verrai – Songe que je t’aime, que c’est là mon crime, mon vrai crime.
Juliette
[Adresse]
À toi mon bien-aimé
BnF, Mss, NAF 16322, f. 181-182
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon]