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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 14 déc[embre] [18]72, samedi matin, 8 h. 20 m.

Mon cher bien-aimé, j’ai le double regret de penser que tu viens de risquer d’augmenter ton mal de gorge, en t’exposant à cette odieuse pluie, et celui de ne pas t’avoir vu. Ce n’est pourtant pas faute de te guetter avec la plus ardente attention, mais il paraît que l’immobilité complète pendant plus d’une heure est chose tout à fait impossible et il m’a suffi de tourner la tête un quart de minute et tu étais déjà rentré chez toi. Encore, si j’étais sûre que ton mal de gorge a disparu et que tu as passé une bonne nuit, je me résignerais de bonne grâce à mon guignon mais le temps qu’il fait ne me rassure pas, au contraire. Heureusement que tu as reçu hier des nouvelles tout à fait tranquillisantes de ton Petit Victor [1] dans la lettre si touchante et si tendre de Mme Charles. On sent que tous les détails en sont vrais et poignants. On retrouve même au milieu de la joie de la guérison de son cher malade encore un peu d’effarement douloureux au souvenir de ces angoisses passées. Tu feras bien de lui écrire, comme tu en as eu l’idée tout de suite hier, une lettre débordante de tendresse paternelle. Il faut que cette jeune femme se sente tout à fait adoptée par toi et que la confiance en toi lui revienne en raison même de celle que tu lui accorderas et que ton inépuisable et adorable bonté développe en elle l’amour filial dans toute sa beauté. L’épreuve nouvelle par laquelle elle vient de passer est une occasion pour toi de lui témoigner une tendresse infinie à laquelle elle ne pourra résister, j’en ai l’intime conviction d’après mon propre cœur qui t’adore.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 344
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

Notes

[1François-Victor Hugo, malade depuis quelque temps, et qui semble alors sur la voie de la guérison. Il mourra pourtant l’année suivante de la tuberculose, le 26 décembre 1873.

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