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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 11 oct[obre] [18]72, vendredi matin, 7 h.

C’est toi aujourd’hui, mon cher petit grand bien-aimé, qui m’a devancé au saut du lit et par quel temps ! En ce moment la grêle tombe avec rage contre mes vitres et fait un tapage du diable. Pas moyen encore pour nous aujourd’hui de sortir, je le crains, à moins d’un entier changement de temps, ce qui est peu probable. Enfin, puisqu’il faut vouloir ce qu’on ne peut empêcher, résignons-nous aux rebuffades de la saison et ne nous en aimons que mieux. Quant à moi ça m’est très facile car mon amour, comme ton génie, va toujours crescendo. J’espère que tu as bien dormi, mon cher adoré, d’après ta matinalité même. Tu me diras tantôt si j’ai raison. En attendant, mon pauvre grand homme, ton esprit fait une triste chère depuis le départ de tes hôtes. Tu as beau n’être pas difficile le bœuf à la bière de l’abbé Boom [1], le ratafia, raté, du bon Garnier et les anas, ne pas lire ananas, du citoyen Marquand, doivent être de difficiles digestions pour un esprit aussi délicat que le tien. Il est vrai que de mon côté le menu ne vaut pas mieux malgré la sauce d’amour dont je l’assaisonne faute de sauce piquante. Aussi je te plains, je t’admire et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 282
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

Notes

[1L’Abbé Boone.

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