Guernesey, 24 décembre, [18]65, dimanche 7 h. ¾ du matin
Bonjour, mon grand piocheur ; Ave, mon amour béni. Je te souris avec la pensée que tu as passé une bonne nuit, bien que ton balcon soit encore vide [1]. Le soleil ce matin a été plus matinal que toi, ce qui ne lui arrive pas souvent quoiqu’il se couche beaucoup plus tôt, le paresseux. J’espère que ta nuit sea sera passéeb tranquillement, comme la mienne, et que rien ne cloche en toi ni autour de toi. Je te vois si peu seul à seul que je n’ai pas pu te parler de la difficulté de faire mon lit avec la lanterne au centre du panneau [2]. Je l’ai vérifié hier, autant qu’on peut le faire à vue d’œil, et il m’a paru qu’on pourrait à peine passer entre le mur et le lit sans toucher la lanterne. Mais à coup sûr on ne pourra pas y balayer sans être forcé de la décrocher, ce qui est presque impraticable. Il faudrait trouver moyen de la faire reculer, ce qui me paraît bien difficile, à moins que tu ne trouves un autre moyen plus simple et plus commode. Malheureusement, tu n’as pas de temps à donner à ce détail et je me reproche même de t’en parler ici. Je crois qu’il faut ajourner le placement de cette belle petite lanterne, comme pour les autres bibelots [3], jusqu’à ce que tu sois hors de ton livre [4]. Tu décideras cela d’un mot et je te promets d’avance de ne pas regimber devant cette dure nécessité. Et puis Zozo d’Ems [5] et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16386, f. 216
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette
a) « ce ».
b) « passé ».