Guernesey, 19 mai [1868], mardi soir, 6 h.
Cher adoré, je te souris, je te bénis. Je te promets d’être tout à fait guérie ce soir et de continuer toujours. La pensée de reprendre possession de toi jeudi prochain me redonnera encore plus de santé, c’est-à-dire de bonheur, qu’auparavant. Suzanne a été forcée de démasquer ses surprises dès aujourd’hui à cause de la nécessité d’en manger une partie ce soir même [1]. Demain nous en aurons encore et après demain encore. Cette pauvre fille n’a jamais été plus prodigue de bonnes choses que cette année. Je crois qu’elle nous est vraiment attachée et j’espère que nous la conserverons encore un peu de temps. Quant à moi, je sens que je l’aime et que je ne demande qu’à l’aimer de plus en plus. Je te baise des pieds à la tête avec adoration.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 138
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette