Guernesey, 15 mai [18]68, vendredi, 7 h. du m[atin]
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour avec toutes les douces effluves de la saison, de mon cœur et de mon âme, bonjour. J’espère que tu as aussi bien dormi que moi qui n’ai fait qu’un somme depuis le moment où je me suis couchée jusqu’à six heures ce matin. Selon la loi que je me suis imposée pour la petite Thérèse [1], je n’ai ouvert ma porte qu’à présent mais il y a déjà une heure que mes couvertures se purifient dans l’atmosphère et le soleil. Quel temps de paradis il fait ce matin et quelle délicieuse promenade nous allons faire tantôt ! En attendant, je vais faire ton café et secouer mes puces, ce qui ne sera pas une petite besogne.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 133
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette