Guernesey, 22 juillet [18]68, mercredi, 5 h. ¾ du soir
Rien qu’un mot : je t’adore. J’ai été prise au saut du lit ce matin à six heures par l’engrenage préparatifs du voyage et je n’en suis pas encore sortie tout à fait. Il est vrai que j’ai fait une douce halte dans ton admirable livre [1] et que je vais te revoir dans quelques minutes, ce qui fait ma joie et mon bonheur. Nous avons fini la collation il y a quelques minutes et à mon grand dam et grand regret car je ne suis pas au bout de mes émotions, de ma curiosité, de mon éblouissement et de mon adoration pour tous ces pauvres martyrs de ton génie. Je suis loin d’être tranquille sur leur compte, bien que j’entrevoie leur rapprochement imminent par la rencontre de cet excellent Homo [2]. Mais quel que soit le sort que tu leur prépares, je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 203
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette