7 décembre 1868

Guernesey, 7 décembre 1868, lundi matin, 8 h.

Bonjour, mon grand adoré, bonjour avec tout l’entrain que donne une very good nuit. Comment as-tu dormi, toi, mon cher petit homme ? That is the question. J’espère que tu n’auras fait qu’un somme depuis ton coucher jusqu’à ton lever. S’il en était autrement, ça serait bien injuste et je ne serais pas contente. Le temps de venteux et de vantard qu’il était hier au soir est piteusement brouillardeux ce matin. Mes vitres sont tellement embrumées que je ne peux rien distinguer à travers. Mais qu’est-ce que j’apprends ? Qu’on vient de trouver sur la banquette de la fenêtre de la salle à manger une des lettres que tu devais mettre à la poste ! En voilà un accident ! D’autant plus malencontreux qu’il est trop tard ce matin pour qu’elle puisse partir. Je ne sais pas si cela te contrariera beaucoup mais j’espère que non. C’est la lettre à Plon, l’imprimeur. Dans tous les cas, il n’y a pas de ta faute ni de la mienne. Et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 335
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette