Guernesey, 1er décembre 1868, mardi matin
Bonjour, mon grand bien-aimé, bonjour, je t’adore. Puisses-tua avoir aussi bien dormi que moi cette nuit. J’y ai d’autant plus de mérite, à ma bonne nuit, que j’ai eu en me couchant pendant une heure à peu près une douleur de ceinture très prononcée mais qui a fini par se calmer et j’en ai profité pour dormir après comme une souche. Autre guitare, il paraît qu’il y a trois pauvres petits malheureux de ta table infectés par la gale. Mariette, qui a dénoncé le fait, a prié Mme Chenay de ne t’en pas parler avant aujourd’hui parce que Marie a promis formellement de t’en informer elle-même en allant compter avec toi ce matin. Quelle que soitb la pitié qu’inspire ces pauvres petits êtres doublement frappés par la misère, je crois qu’il serait imprudent et presque coupable de continuer à les recevoir dans ta maison en compagnie de leurs petits camarades auxquelsc ils communiqueraient cette hideuse maladie, sans compter le danger qu’il y aurait pour toi-même. Le mieux serait de les secourir à domicile tout le temps que durera leur maladie. Mais je fais ici la mouche du coche comme si tu avais besoin de mon illis. pour savoir ce que tu as à faire. Pardonne-le moi. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 330
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « puisse-tu ».
b) « quelque soit ».
c) « auquels ».