Paris, 20 juin [18]74, samedi soir, 7 h. ¼
Tu sais, mon cher bien-aimé, que je suis presque toujours malade dans ce mois-ci et toujours triste à cette date [1]. Cependant je prends beaucoup sur moi pour que tu ne t’en aperçoivesa pas ; mais plus je fais d’effortsb, plus je souffre et plus je suis triste. Il vaut donc mieux, mon grand bien-aimé, me laisser à moi-même et ne pas te préoccuperc d’un état nerveux qui passera tout seul. Je me dépêche de te donner cette tendre explication avant l’arrivée de tes invités en te priant de ne pas te faire un souci de mes petits bobos. Je sais gré à Mme Charles de descendre à table ce soir. Sa présence masquera ma morosité et tout le monde y gagnera. Je lui remettrai en même temps les bonbons apportés par Mme Pierre Véron pour Petit Georges et pour Petite Jeanne. Je t’aime mon bien-aimé, je t’adore mon divin grand homme.
BnF, Mss, NAF 16395, f. 115
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette
a) « aperçoive ».
b) « effort ».
c) « préocuper ».