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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 septembre [1836], jeudi matin 10 h.

Si vous aviez la moindre humanité, vous seriez allé ce matin vous informer du sort de cette pauvre grande OURSE, vous m’auriez tiré une fameuse épine du cœur. Mais vous êtes aussi méchant que vous êtes beau, ce qui est cause que je vais souffrir des impatiences sans fin jusqu’à ce que j’ai trouvéa ou perdub ma CHÈRE GRANDE OURSE. Heureusement que je me consolerai de cette perte, par un bonheur que je ne vous dirai pas pour vous punir de la perversité que vous avez montréec depuis hier.
Je vous aime mon petit Toto. Je vous aime avec toutes vos taquineries et peut-être même à cause d’elles. Je voudrais que vous fussiez déjà revenu, je ne suis contente que quand vous êtes là, je ne suis heureuse que quand vousd me tourmentez. Je vous désire, mon amour bien-aimé.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 369-370
Transcription de Nicole Savy

a) « trouvée ».
b) « perdue ».
c) « montré ».
d) « vous vous ».


29 septembre [1836], jeudi soir 5 h. ½

Mon cher bien-aimé, vous avez ajouté volontairement une mauvaise chance de plus pour cette pauvre GRANDE OURSE en ne venant pas. Je ne vous en veux pas, quoique vous m’ayez causé beaucoup d’impatience et d’ennui. Enfin je vous aime, c’est pour dire allez que quoi quea vous fassiez vous êtes excusé dans le fond de mon cœur. Cela ne m’empêche pas de souffrir et d’être triste, et de trouver que vous ne mettez pas d’empressement à vous retrouver avec moi.
Il fait froid et triste, encore un peu je me coucheraisb, pour éviter au moins le froid de la température.
Il me semble mon cher Victor que vous prolongez complaisamment la répétition. J’ai bien peur que tôt ou tard l’opéra [1] ne nous fasse un grand mal, il est vrai que vous ne paraissez pas le redouter beaucoup. Mais moi qui vous aime comme on n’aime plus, je suis fort inquiète et fort tourmentée.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 371-372
Transcription de Nicole Savy

a) « quoique ».
b) « coucherai ».

Notes

[1Juliette fait allusion à la Esmeralda, opéra écrit par le poète pour la musicienne Louise Bertin et en cours de répétition : la première aura lieu en novembre.

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