Paris, 4 juillet 1881, lundi midi
Cher bien-aimé, je crains que tu n’aies pas plus que moi lieu de te féliciter de ta nuit. Heureusement pour toi que tu as l’habitude de te rattraper sur la matinée. Moi qui n’ai pas la même ressource, je suis à bout de force et de courage ce matin et je pense avec horreur au reste de la journée qui promet d’être des plus chaudes.
Cela ne m’empêche pas de te rappeler que tu as séance au Sénat tantôt à deux heures. Pendant que j’y suis, j’appelle aussi ton attention sur le mémoire du jardinier qu’il a présenté hier et qui se monte à 714 F. 80. Mme Lockroy seule peut juger de l’exactitude des fournitures et de l’honnêteté des prix. Quant à moi, je n’y connais rien et je ne peux qu’en vérifier le total qui me paraît excessif.
Cher bien-aimé, je te donne mon cœur en bloc de peur qu’il ne fonde par le détail par cette température trop picale [1]. Je t’adore, voilà tout ce que je peux faire.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 148
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette