Paris, 7 avril 1881, jeudi matin, 11 h.
J’espère ne pas me tromper, mon grand bien-aimé, en pensant que ta nuit a été assez bonne encore cette fois ? J’irai m’en assurer bientôta.
En attendant je viens de dépouiller le plus formidable tas de lettres qui se soit produit depuis ceux du 27 février [1]. Parmi elles il y en a une de Charamaule qui me prie de lui dire où en est ta santé que quelques journaux disent atteinte sérieusement. Il me prie de le rassurer et c’est ce que je vais faire tout à l’heure avec d’autant plus d’empressement et de plaisir que, grâce à Dieu, il n’en est rien.
Mme Amet d’Abrantès [2] t’envoie sa supplique au Ministre de l’Intérieur pour que tu l’apostillesb le plus chaudement et le plus vite possible (elle a 80 ans).
Le Sénat te convoque pour une heure dans les bureaux aujourd’hui et pour deux heures séance publique. Je crois que tu ferais une grave imprudence d’y aller par le mauvais temps pluvieux et froid qu’il fait en ce moment. Il ne faut pas sans nécessité compromettre l’amélioration très réelle qui s’est produitec depuis quatre jours dans ton rhume. Je te le demande pour toi et pour moi. J’espère que tu ne me le refuseras pas.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 71
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « bien tôt ».
b) « apostille ».
c) « produit ».