Paris, 2 décembre [18]79, mardi matin, 7 h. ½
Cher bien-aimé, j’espère que le 2 décembre aura respecté ton sommeil et que tu dors encore au nez et à la barbe de cet odieux anniversaire impérial. Quant à moi je ne sais pas si c’est à lui que je dois l’insomnie que j’ai euea la nuit entière mais le fait est que je n’ai pas fermé l’œil. Je ne m’en plains pas car je l’ai bien employée, cette insomnie, en repassant en mémoire toute cette sinistre aventure du coup d’État et en actions de grâces à Dieu qui m’a permis le bonheur et l’honneur d’être à ton côté dans les moments les plus périlleux et les plus glorieux de ta vie. Qu’il soit béni à jamais pour cette faveur insigne qu’il a accordéeb ce jour-là à mon amour tendre et dévoué. Je suis si émue et si reconnaissante en me rappelant en ce moment ce qu’il a fait pour toi et pour moi pendant ces lugubres jours de massacres et d’infamie que mon cœur se fond en adoration en en bénédiction à Dieu qui t’a sauvé la vie et la gloire dans ces périls-là.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
Collection particulière, MLM, 62260 0098/0100
Transcription de Gérard Pouchain
[Charpentreau]
a) « eu ».
b) « accordé ».