Paris, 12 janvier [18]72, vendredi soir, 2 h.
Heureusement, mon cher bien-aimé, tu as eu l’esprit de passer une bonne nuit pendant que j’avais la stupidité de la passer mauvaise.
Cette compensation me suffit de reste pour n’avoir pas le droit de me plaindre. Je n’en demande même jamais d’autre, à savoir que tout ce qui est mal pour moi soit le bien pour toi. À cette condition, vive l’amour et son auguste famille bonheur et joie ! C’est le moment où tu vas à la répétition ? Peut-être es-tu déjà parti ? Je te recommande de bien sécher tes pieds en arrivant au théâtre, de m’être très fidèle et de m’aimer. Autrement, ma tante pas contente vous fichera des bons coups. Je te prie, mon adoré, d’écrire séance tenante, après avoir lu ce gribouillis, à ce pauvre Louis Mie. Tu es déjà, vu la triste circonstance de la mort de sa femme, très en retard vis-à-vis de lui. Tu sais que je t’adore, ne l’oublie jamais.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 11
Transcription de Guy Rosa