Paris, 23 juin 1881, jeudi midi
Tu seras indulgent pour moi, mon cher bien-aimé, aujourd’hui plus encore que les autres jours parce que je suis plus patraque et plus bête encore, si c’est possible, qu’à l’ordinaire. Je suis tout endolorie de la tête aux pieds, ce qui redouble ma maussaderie habituelle. J’ai beau vouloir réagir contre cette disposition physiquea et morale, je ne trouve pas le plus petit mot pour rire. Aussi j’y renonce en te priant de m’excuser et de regarder ce gribouillis grincheux comme non avenu. J’ai écrit à Claretieb de ta part de venir avec sa femme dîner jeudi prochain. Quant aux autres invitations, je ne m’en souviens plus et il faudra que tu me les redises.
En attendant je souhaite bonne chance au pauvre Deschanelc contre le citoyen Vacherot que j’ignore [1].
Ce soir nous avons dix-sept convives, c’est-à-dire la grande et la petite table au grand completd.
Mon cher bien-aimé, je suis stupide, je t’en demande pardon. Je souffre mais je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 138
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « phisique ».
b) « Clartie ».
c) « Déchanel ».
d) « aux grands complets ».