Paris, 2 mars 1881, mercredi matin, 11 h.
J’ai tenu ma promesse, mon grand bien-aimé, et peu s’en faut que je ne sois tout à fait crâne ce matin. Malheureusement il n’en est pas tout à fait de même de ton cher Petit Georges qui a eu de si grands étouffements hier à ce bal d’enfants qu’il a fallu le ramener à dix heures et envoyer chercher Allix qui a passé deux heures auprès de lui et qui vient de revenir ce matin. La crise est passée et il espère qu’elle ne reviendra pas. En attendant, le pauvre petit est dans son lit. Jeanne elle-même n’est pas absolument bien, ce que j’attribue à un petit excès de fatigue causé par les plaisirs de la saison. Mme Lockroy que je viens de voir me prie de te rappeler que tu ne lui as pas donné son mois et moi je te fais souvenir que c’est aujourd’hui le jour à argent dont j’ai le plus grand besoin, car il me reste à peine quatre ou cinq francs de [monnaie ?]. Il est vrai que je suis à jour avec toutes les dépenses ordinaires et extraordinaires. Sans compter ton pâté que je te laisse pour comptea et mon cœur aussi.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 45
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) Le manuscrit comporte à cet endroit une tâche d’encre.