Paris, 4 octobre [18]79, samedi matin, 8 h.
Un temps à manger tout vif, mon cher petit homme, et qui vous fait jaillir du cœur tout l’amour qu’on y a : feu et flamme, bonheur et joie. Je sais que tu as passé une bonne nuit et j’espère que tu m’aimes, deux bonnes raisons d’être heureuse aujourd’hui.
Vous ne me donnez pas du tout d’argent, mon maître [1], mais votre cuisinière ne veut pas s’en passer. Arran[gez]c-vous ensemble con amor [2], pour moi je m’en lave les quatre pattes et je m’en bats l’œil. Attrapéa !
Il paraît d’après les confidences des chambrières de Paul Meurice aux tiennes qu’il se propose d’améliorer encore pour toi son habitation, déjà si exquise, de Veules, dans l’espoir que tu y viendras passer un mois l’année prochaine [3]. On n’est pas plus aimable et filialementb tendre que cet adorable homme-là. Pour moi mon cœur se fond d’admiration et de reconnaissance en y pensant. Je l’aime à travers toute l’adoration que j’ai pour toi et je le bénis comme je te bénis, de tout mon cœur.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 236
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « Attrappé ».
b) « fillialement ».
c) La fin du mot a été oubliée en retournant à la ligne.