20 juillet [1841], mardi soir, 4 h. ¾
Tu as bien fait, mon pauvre amour, de venir un pauvre petit moment travailler auprès de moi. J’avais vraiment besoin de ce petit moment de joie pour passer avec courage ce jour d’aujourd’hui, si différent du même jour de l’année dernière [1]. Pauvre enfant bien-aimé, tu ne sais pas comment je t’aime et tu dois trouver absurdesa et fatigantesb ces éternelles doléances sur le trop peu de temps que je te vois. Mais si tu savais, mon Victor bien-aimé, comme c’est bien vrai que je n’ai de joie et de bonheur qu’en toi, tu comprendrais pourquoi je suis si malheureuse dès que je ne t’ai plus. Je t’aime mon Victor chéri, je t’aime mon amour.
Quel affreux temps il fait, je ne crois pas que la mère Lanvin vienne de ce temps-ci. Pauvre femme, ce serait une conscience que de le désirer, cependant je sens que j’ai besoin de parler de toi à quelqu’un et de boire à ta santé : Vive Victor ! Vive le grand Victor ! Vive surtout mon adoré Toto !!!
BnF, Mss, NAF 16346, f. 71-72
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette
a) « absurde ».
b) « fatiguant ».