28 mars 1836

28 mars [1836], lundi matin, 9 h. ¼

Bonjour cher adoré, comment m’aimes-tu ce matin ? Moi, ce n’est pas de l’amour, c’est plus que cela, c’est plus que ma vie, c’est plus que tout au monde.
Je m’en veux d’avoir été malade comme une bête hier au soir. Je ne sais pas ce que j’avais mais j’étais vraiment fort souffrante. Je le suis encore ce matin, beaucoup, heureusement que Suzette est arrivée et qu’elle me soulage au moins de la grosse fatigue quoiqu’il faille lui montrer tout.
Bonjour, je vous aime vous, voulez-vous ma vie ? Qu’est-ce que vous voulez de moi, je suis prête à le faire, quoi que ce soit. Je t’aime tant, moi. Je t’aime trop, je t’ennuie, je te tourmente, je te fatigue, je le sens et je ne peux pas m’en empêcher.
Je t’aime bien plus fort que moi.
Tu viendras bientôt, n’est-ce pas mon adoré ? Et puis tu m’aimes ? Et puis tu me pardonnes de trop t’aimer, n’est-ce pas ?
Bonjour, mon cher petit homme, bonjour, mon cher petit amant, bonjour toi, que j’aime, bonjour vous que j’adore.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 240-241
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa