4 décembre 1863

Guernesey, 4 décembre [18]63, vendredi matin, 8 h. ½

Bonjour, encore, bonjour, toujours, mon cher petit homme, dussiez-vous vous en impatienter comme de mes tendresses hier au soir. ALLAIE je vous pardonne mais je me garderai bien de recommencer. Ces enfantillages-là sont bons dans la jeunesse. Je me le tiens pour dit. Maintenant comment as-tu passé la nuit, mon cher bien-aimé, tu me le diras tantôt, mais jusque-là je ne peux pas m’empêcher de craindre que tu n’aies eu de l’insomnie, ce qui t’arrive trop souvent depuis quelque temps. Moi j’ai dormi comme une brute sans presque me réveiller de la nuit et puis je trouve le temps si beau ce matin que cela me donne envie de courir les champs avec toi. Malheureusement on ne peut pas compter sur la stabilité de ce soleil du matin pour la promenade du tantôt. Enfin je me tiendrai prête à tout événement, c’est déjà beaucoup d’avoir un projet aimable dans la pensée et tant mieux quand on peut le réaliser. À propos de pensée AIMABLE j’en ai une qui en est l’antipode, celle de te faire songer à me donner de l’argent pour la dépense. Je ne [illis.] de celui de Suzanne, cela a l’inconvénient de te faire des surprises désagréables chaque fois que je te le dis car tu ne te rends pas compte des nécessités de ma dépense, doublées et triplées par ta maison sans compter les journées de Marie Turpin et les accessoires qui en dépendent. Tout cela, mon pauvre bien-aimé, fait un lourd total que les quelques acomptes que tu me donnes de temps en temps ne couvrent pas tout [entier  ?] sans parler de ce que je dois à M^me [deux lignes illisibles] Tout cela m’est pénible à te rapporter et je te l’écris non sans ennui.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 272
Transcription de Gérard Pouchain