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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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14 mars 1836

14 mars [1836], lundi matin, 7 h. ¾

Bonjour mon pauvre amour. Qu’est-ce qui vous est donc arrivé que vous n’êtes pas venu me donner un petit bonsoir ? A quoi sert donc le fameux passe-partout ? Pourtant vous savez bien que je suis votre pauvre Juju et que je ne vois que par vos yeux tout ce qui est beau, comme je ne sens que par votre amour tout ce qui est noble, grand et généreux. Pourquoi alors n’êtes-vous pas venu embrasser votre pauvre petite femme et voir votre tant belle CHAMBRE. J’espère vous voir ce matin, c’était si bon de vous voir que je m’abonnerai au déménagement quotidien à cette condition de vous voir tous les jours depuis le matin jusqu’au soir. Je pense que le mauvais temps qu’il fait dehors ne vous empêchera pas de venir. Je vous assure, mon cher petit bien-aimé, qu’il fait très beau au-dedans et que vous ne regretterez pas la peine que vous aurez prise. Mon cher petit Toto adoré, viens bien vite. Rien n’est beau ni bien fait quand tu n’es pas là et puis je ne suis pas heureuse si je n’entends pas ta voix, et si je ne sens pas ton regard au fond de mon cœur. Viens vite, je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16326, f. 187-188
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa


14 mars [1836], lundi soir, 8 h. ½

Vous êtes un grand homme, vous êtes un grand Toto. La manière dont vous avez arrangé notre chambre ce soir suffirait pour vous fermer l’académie pour le reste de vos jours. Savez-vous une chose ? C’est que je vous aime. Je suis un peu TAOUINÉE [1] par la répétition [2] de tantôt, mais enfin j’espère que vous aurez été inaccessible à toutes les séductions de ces dames plus ou moins SIRÈNESa.
Je suis très Juju ce soir, et vous, êtes-vous très Toto ? Viendrez-vous t-y très tôt et serez-vous très charmant et très amoureux ??????? et puis encore.
Pour vous contenter je vais faire le rideau tout à l’heure. Vous voyez bien, mon cher petit Toto, que je suis très gentille et que je vous aime de tout mon cœur.
BONJOUR. C’EST FIÈREMENT BEAU CHEZ NOUS. JE M’EN LICHE LES BARBES JUSQU’AUX TALONS.
Je ne crois pas que dorénavant on puisse……… sans bâton [3] avec une chambre pareille et un amour à l’avenant.

J.

BnF, Mss, NAF 16326, f. 189-190
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa
[Blewer]

a) « syrènes ».

Notes

[1Le mot est absent du TLF ; Google donne une occurrence, sous la plume de Verlaine, mais dans un contexte qui ne permet pas d’en fixer le sens.

[2Sans doute l’une de celles pour la reprise d’Angelo au Théâtre Français, dont la première est donnée le 26 mars.

[3Quoique l’expression soit amputée de son début, on croit comprendre. Comment Hugo accueillait-il les billets de cette sorte – cette lettre est loin d’être la seule dans ce cas – qui sentent encore un peu la cocotte ?

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