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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 27 décembre 1855, jeudi soir, 7 h. ½

Oui, mon cher petit Loup, prenez garde aux pièges car il y en a de tendus sur toute la ligne…….a et AILLEURS. Maintenant que ma jalousie a mis ÉCRITEAU ma conscience est tranquille ; tâchez que la vôtre en puisse dire autant. En attendant je vous vois comme un éclair et j’ai à peine de temps de vous baiser : VV en Z.I.G.Z.AG. et d’après la tradition de MAMZELLE Mars que vous êtes évanoui. Mais cela ne fait pas mon compte, entendez-vous. J’ai besoin de vous aimer à cœur reposé et mon âme a besoin de prendre DES TEMPS sur votre bouche. Vous vous prodiguez à tous et à tout et c’est à grand’ peine si vous m’en donnez plein ma dent creuse. Ah ! mais je me révolte à la fin. Il est vrai que je vous donne tous les jours, sous forme de RESTITUS, de quoi lester votre journée de stupidité et d’ennui. Mais le mal de l’un ne guérit pas celui de l’autre et votre trop d’embêtement ne peut pas remplacer mon absence de bonheur. Aussi ce système de compensation ne peut pas nous satisfaire l’un l’autre. Le plus court et le meilleur serait de me rendre si heureuse que je n’aie pas même le temps de le dire. De cette façon j’aurais le cœur aussi plein de joie que le tien serait vide de mes niaiseries. Pensez-y, mon cher petit homme, et venez me voir entre le gin d’Hauteville House et le thé Duverdier [1]. En attendant je vous aime comme un génie et je vous le dis comme une bête. Tirez-vous-en comme vous pourrez. Moi je vous adore, c’est mon affaire.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16376, f. 420-421.
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa
[Blewer]

a) Sept points de suspension courent jusqu’au bout de la ligne.

Notes

[1Mme Hugo décrit les soirées guernesiaises à sa sœur Julie Foucher le 17 décembre en faisant mention du thé Duverdier : « Nous avons gardé notre intimité. Guérin demeure juste en face de nous, Kesler à deux pas, ainsi que monsieur et madame Duverdier ; il y a un va et vient le soir. Pour diversion, nous avons toujours notre dîner le samedi soir et un thé chez madame Duverdier le jeudi », cité par Jean-Marc Hovasse, dans Victor Hugo, Pendant l’exil I, ouvrage cité, p. 374.

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