28 février [1836], dimanche matin, 10 h. ½
Bonjour, mon cher bien aimé. Je t’aime toujours de plus en plus. Je suis toujours malade mais je commence à en prendre mon parti.
J’ai été forcée de [renvoyer ? revoir ?] la blanchisseuse tout à l’heure, ce qui m’a encore fatiguée, car tout me fatigue à présent. Cher petit homme chéria, je vous aime de toutes mes forces, c’est-à-dire de toutes les forces de mon âme, car celles du corps ne prouveraient pas grand chose à l’heure qu’il est. Oui, mon cher adoré, je vous aime autant que si je me portais bien, et plus encore si c’est possible. J’ai le même besoin, le même désir de vous voir, la même ardeur de vous posséder. Enfin, à la laideur de la maladie prèsb, je vous aime comme une pauvre amoureuse que je suis et c’est à cause de cela que je vous prie, mon cher petit bien aimé, de venir le plus tôt que vous pourrez pour que je puisse prendre de vous du bonheur, de la force et de la santé.
En attendant, je vous baise, je vous adore et je vous désire comme en bonne santé.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16326, f. 147-148
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa
a) « chiré ».
b) « prêt ».