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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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19 février [1836], vendredi matin, [ illis.]

Bonjour mon cher petit homme chéri. Je t’écris dans une très drôle de position, je suis tout à fait couchée d’abord parce que je ne peux pas me remuer, ensuite parce que je suis en transpiration et que je craindrais de me refroidir. Comment vas-tu, toi, mon cher petit homme, comment va ta gorge ? Moi, j’ai passé une assez bonne nuit grâce à la transpiration que tu as déterminée et qui dure encore mais j’ai le côté, la poitrine et le dos plus douloureux qu’hier au point que je ne peux pas me lever sur mon séant. Ce qui est peu commode pour écrire.
Je pense que tu ne seras pas allé cette nuit à ce hideux spectacle puisque je ne t’ai pas vu et que tu devais venir dans ce cas-là.
Je t’aime toi, je t’aime mon Toto chéri, je t’aime tous les jours davantage. Je n’ai qu’une pensée, toi, qu’un besoin, toi, [qu’] un amour, toi.
Je te demande pardon pour l’espèce de griffonnage que je te fais. Cela te prouve encore mon amour, parce que, souffrante, fiévreuse et jalouse que je suis, il faut que je t’écrive, que je te parle, que je t’aime et que je te baise.
Bonjour, mon cher petit Toto qui n’êtes pas de l’académie. Je vous aime.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16326, f. 119-120
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa


19 février [1836], vendredi soir, 8 h.

Je t’écris avant d’avoir dîné, mon cher bijou, parce que je m’obstine à vouloir dîner quoique l’impossibilité de le faire me soit à peu près démontrée attendu qu’on ne trouve d’autres huîtres dans le voisinage que le ban de la mairie. Enfin ma conscience sera… Tout ce que je pourrai bien vous dire à ce sujet serait inutile car voici Turlurette triomphante et moi aussi. Le reste au prochain numéro.

19 février, vendredi soir, 8 h. ½

Je ne veux pas vous renarrer la suite et fin de mon dîner, qu’il vous suffise de savoir que je crois que je vais très bien, et que je me sens capable de tout ce soir. À preuve.
Mon cher petit Toto chéri, pendant que vous errez, votre joli petit nez au vent et à la neige, moi, je vous aime de toutes mes forces et je vous plains d’être forcé par la nécessité de passer votre soirée dehors par le temps qu’il fait tandis que vous seriez si bien au dedans par l’amour qu’il fait. Si vous êtes bien avisé, mon espiègle, vous vous réfugierez dans un bon petit endroit bien clos que je tiens tout prêt pour vous.
Je t’adore.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16326, f. 121-122
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

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