Mercredi, 2 h. ½ après midi
J’ai bien raison d’être triste et inquiète quand le hasarda me montre à toi dans certaines positions de la vie, où on est sale, fatiguéb et malade. La preuve, c’est que tu m’as trouvéec aujourd’hui laide, les yeux battus, le teint livide. Si tu ne m’avais pas vued dans un moment où le genre de mes occupations entrait pour beaucoup dans mon extérieur, tu n’aurais pas reçu cette fâcheuse impression. Tu vois donc bien que j’ai raison de craindre. À l’heure qu’il est, je suis en proie à la jalousie la plus intense, aux inquiétudes les plus douloureuses. Tu m’as quittéec laide et repoussante pour aller retrouver des femmes parées et agaçantes, qu’en arrivera-t-il ? Le diable le sait. Mais moi, je souffre et beaucoup. Je sens que j’ai bien mal arrangéf ma vie. Je t’aime trop pour être heureuse.
Juliette
Il fait en ce moment un soleil ravissant. Je voudrais bien en profiter et faire usage de mes 11 –
[Adresse]
À toi
BnF, Mss, NAF 16323, f. 42-43
Transcription de Jeanne Stranart et Véronique Cantos assistées de Florence Naugrette
a) « hazard ».
b) « fatiguée ».
c) « trouvé ».
d) « vu ».
e) « quitté ».
f) « arrangée ».