Vendredi soir, 9 h.
Tu as été si bon tout à l’heure, si noble, si indulgent, que je ne sais vraiment comment, ni avec quelles paroles te remercier. Mon Victor, si tu peux oublier les tristes paroles qui m’échappent malgré moi et dans des emportements dont je ne suis pas la maîtresse, tu feras bien, car il serait cruel de prendre au sérieux des actes de folies. Je m’accuse, mon Victor, plus que tu ne peux le faire, d’être trop irritable. Je me repens plus que tu ne le voudrais de ces emportements. Je t’aime, voilà mon grand défaut. Je ne peux pas vivre sans toi, voilà mon excuse. Mon adoré, je ne peux pas te dire assez que je t’aime, que je suis honnête. Chacun de tes soupçons est vraiment une offense et une cruauté car je t’aime, et je sais tout ce que je dois de fidélité et de probité à ton dévouement de toutes les nuits ; mon Victor, pardonne-moi ma susceptibilité comme je te pardonne ta défiance et nous ne serons pas tristes et nous ne serons pas inquiets des conséquences de petites tracasseries comme celle de ce soir. Quand je te verrai, et j’espère que ce sera bientôt, je te demanderai tant de pardons, je te baiserai tant, je serai si repentantea et si tendre.
MAIS TE VOILÀ.
BnF, Mss, NAF 16323, f. 3-4
Transcription de Jeanne Stranart et Véronique Cantos assistées de Florence Naugrette
[Souchon]
a) « repentente ».