Guernesey, 14 novembre 1862, vendredi, 5 h. du s[oir]
Il fait nuit, mon cher petit homme, c’est le moment de clore ta journée de travail et la mienne par un bon petit repos d’une heure avant le dîner. Est-ce que tu ne trouves pas cela juste, hygiénique, bon, doux, tendre, et charmant ? Quant à moi, je ne souhaite pas autre chose pour me récompenser de toute une journée fastidieuse, maussade et solitaire. Aussi je t’attends avec l’impatience de mon cœur et de mon âme qui ont faim et soif de toi. Il n’est pas probable que tu aies pu sortir par ce hideux temps ? Ah ! te voilà, je ne désire plus rien, merci, MON DIEU !
7 h. ¼
Me voici revenue à mon point de départ : t’aimant et t’attendant de plus belle et faisant de mon mieux pour passer le temps sans trop de découragement. Dîne bien, mon cher petit homme, souris à tout ce qui t’entoure, sois heureux en faisant le bonheur de tous ceux que tu aimes et qui t’aiment, pense à moi, regrette-moi un peu et tâche de revenir le plus tôt possible.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 239
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa