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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 31 octobre 1862, vendredi, 3 h. ½ après midi

Encore en retard, aujourd’hui, mon cher petit homme, mais cela tient aux divers toutounages [1] que j’ai à faire le matin. Mon cœur n’y est pour rien, AU CONTRAIRE, car si je l’écoutais tout mon temps serait employé à une restitus indéfinie, ce qui ne t’amuseraita pas beaucoup, conviens-en franchement. Toujours est-il que je t’aime depuis le matin jusqu’au soir et du soir jusqu’au matin, toujours de plus en plus, voilà la vraie vérité.
Je ne sais pas si tu voudras me faire sortir aujourd’hui, mais je viens de panser mon pied avec la glycérine encore une fois parce qu’il me semble que cela me réussit très bien depuis ce matin. J’ai envoyé changer le billet chez Lelâcheur, lequel a en effet donné la prime d’un franc. Il doit en outre venir arranger l’horloge tout à l’heure, mais tout cela ne m’empêcherait pas de sortir si tu voulais m’emmener avec toi sur la montagne. En attendant, mon tout bien-aimé, je t’aime à poste fixe et je te souris de toute mon âme. Pense à moi de ton côté et sois-moi bien fidèle depuis A jusqu’à Z si tu veux que notre bonheur ne sois jamais troublé. Je t’adore.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 226
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa

a) « t’amuserais ».

Notes

[1Le mot n’est pas attesté sous cette forme mais « toutouner » l’est, encore aujourd’hui, avec des significations floues : se dit d’un chat qui foule sa litière, se dit aussi pour caresser, tripoter et plus généralement « cajoler ».

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