Guernesey, 28 octobre 1862, mardi matin, 8 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, sinon beau jour, joie et fête si tu m’aimes ; autrement non, non, non de non. Je crois que tu as dû te coucher très tard hier, ce qui ne t’aura pas empêché de bien dormir je l’espère, AU CONTRAIRE. Cela étant, je peux avouer que j’ai dormi comme un NOIR jusqu’à ce matin. Cela vous apprendra à me quitter, sans POLITESSE EXQUISE pour courir après d’autres. Une autre fois je profiterai votre guilledou pour courir la prétentaine guernesiaise ne fût-ce que pour voir comment cela fait. En attendant, je prends votre plaisir en patience et je fais piètre mine à la belle Anglaise, cette doublement perfide ALBIONNE, et je me cuirasse d’impassibilité devant la défaite certaine. En somme, mourir de cela ou d’un coup de sabot, c’est tout un, et le bon Dieu n’en demande pas plus pour légaliser le passeport pour l’éternité. Ainsi va la belle, la spirituelle, l’élégante, la séduisante, la délirante Tennant. Hip, hip, houraha pour l’Angleterre.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 224
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa
a) « ourah ».