Guernesey, 8 octobre 1862, mercredi, 9 h. du m[atin]
Bonjour, mon cher petit homme, bonjour depuis six heures du matin jusqu’à ce moment car depuis que je suis levée je n’ai pas encore pu te le dire autrement qu’en pensée tant je suis occupée à faire rentrer ma maison dans l’ordre avant l’arrivée du tonnelier et de la blanchisseuse. J’en ai la sueur au front tant je M’EPECHE. J’espère que tu as bien dormi toute ta nuit, mon bon petit homme, et que tu n’auras aucune contrariété ni aucun souci aujourd’hui. A propos de souci, je ne vous laisserai plus sortir sans moi, cela vous apprendra à faire le Forioso et le Blondin [1] sur les bords des gouffres comme hier. Voime, voime très jolis exercices quand on tient à se casser la margoulette, mais moi qui ne tiens pas à vous voir en tessons je m’y oppose absolument. Aussi dorénavant vous ne sortirez plus sans moi, attrapéa ! Sur ce, baisez-moi et taisez-vous.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 204
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa
a) « attrappé ».