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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 mars 1861

Guernesey, 22 mars 1861, vendredi, 7 h. ½ du matin

Bonjour, mon pauvre bien-aimé, bonjour. Je n’ose pas te demander comment tu vas ce matin et comment tu as passé la nuit tant je crains de savoir que tu es plus souffrant et que tu n’as pas dormi. Ô mon pauvre bien-aimé, quelle inquiétude j’ai depuis que je t’ai si involontairement tourmenté et quels remords j’aurai si ma folle jalousie a aggravé ton état nerveux. Mon Dieu ne me punissez pas si cruellement ou ne punissez que moi seule, c’est-à-dire pardonnez-moi en ne touchant pas à mon bien-aimé, en lui rendant la santé, la joie et le bonheur. Mon pauvre adoré, laisse-moi pleurer ma faute. Il me semble que chacune de mes larmes l’efface un peu et que tu seras d’autant moins souffrant que j’aurai plus de repentir. J’ai le cœur serré en pensant que je t’ai fait du mal et dans quel moment ! Qu’est-ce que tu dois penser de moi, mon pauvre ineffable adoré ? Que je suis un monstre et que je ne t’aime pas. Cette idée me trouble au point de me faire faire de nouvelles folies. Mon Dieu, mon pauvre adoré, que je suis malheureuse en ce moment. Je donnerais tout ce qui me reste à vivre pour que tu puisses voir mon cœur comme il est pour toi et je souffrirais tous les maux possibles pour hâter ta guérison d’une minute. Mon Victor adoré pardonne-moi, c’est-à-dire ne souffre pas. Je t’en prie. Je t’en supplie. Je suis si malheureuse que je te ferais pitié.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 80
Transcription de Florence Naugrette

a) « puisse ».

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