Paris, 3 septembre 1882, dimanche matin, 8 h.
Nous avons, toi et moi, cette nuit, alterné avec l’insomnie. Toi, d’abord, et moi ensuite. Heureusement que la seconde partie de ta nuit a été très bonne, et que tu as encore la matinée pour te rabibocher. Quant à moi, cette pensée me suffit pour me tenir en haleine et c’est en riant et du meilleur de mon cœur que je t’aime et que je t’adore.
Voici une lettre adorable de notre cher bien-aimé Paul Meurice. Il sera ici demain ou mardi et nous partirons jeudi pour Veules où nous arriverons avant six heures pour le dîner. Nous partirons d’ici tous ensemble, à la gare à midi 45 minutes. Ce cher ami a arrangé ton pavillon de façon que j’aie, avec Célanie, une petite chambre communiquant avec la tienne, ce qui est encore un attrait de plus pour moi ; maintenant que le plia est pris de coucher auprès de toi, j’y renoncerais avec beaucoup de peine. Il me prie de lui répondre aujourd’hui même si cet arrangement nous convient, ce que je ferai dès que tu m’en donneras la permission.
Il a écrit à notre cher et excellent Vacquerie pour le prier de lui céder la priorité de te posséder [1] et il espère qu’il y consentira. Voilà, mon cher adoré, les douces et charmantes amitiés qui nous appellentb et qui nous attendent ! Acceptons-les avec reconnaissance et soyons heureux.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 158
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « pli ».
b) « appelent ».